AKAGERA-RHEIN e.V. * PF 3723 ; D- 90018 Nürnberg

Sitz: Bonn / Vereinsregister-Nr.:6871 (Amtsgericht Bonn)

A

Madame Carla del Ponte

Procureur Générale du Tribunal Pénal

International pour le Rwanda (TPIR)

P. O. Box 6016 Arusha

TANZANIE

 

Postfach 37 23

D-90018 Nürnberg

Deutschland

Tel.: 0049 911 325 660

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Unser Zeichen: Rwa/2000 03/PR

Datum: 01. 07. 2000

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Objet: Protestation contre la justice de

deux poids deux mesures du TPIR

 

 

 

Madame la Procureur Générale,

 

Par la présente, nous voulons profiter de cette occasion qui nous est offerte pour protester contre la justice de deux poids deux mesures de l’un des Tribunaux (TPIR) dont la direction vous est confiée.

En effet Madame la Procureur Générale, les objectifs avoués de ceux qui ont crée le TPIR étaient de mettre fin à l’impunité, de rendre la justice juste et équitable ainsi que d’établir la vérité sur les faits macabres qui ont endeuillé le Rwanda durant l’année 1994. En s’arrêtant au niveau de ces objectifs (plutôt de ces slogans) légitimant la création du TPIR, personne ne peut nier l’importance de celui-ci. Une institution qui fonde son action sur l’établissement de la justice et de la vérité eu égard à la tragédie rwandaise ne peut qu’être considérée que comme un outil d’espoir voire de réconciliation entre les Rwandais, Hutu, Tutsi et Twa confondus, rescapés des crimes ignominieux qui ont été dirigés contre eux par des politiciens populistes et machiavéliques.

Seulement, permettez-nous, Madame la Procureur Générale, de vous exprimer notre déception. En effet, les crimes dont la population rwandaise a été victime au courant de l’année 1994 ont été perpétrés sur un fond de guerre entre les forces gouvernementales d’alors et le FPR, guerre que ce dernier, soutenu par l’Uganda avait déclenché le 1er Octobre 1990. Or, il est à constater que jusqu’aujourd’hui le TPIR s’acharne sur les arrestations des présumés responsables des crimes de la partie gouvernementale (la partie qui avait été attaquée) et se tait sur les criminels du FPR (la partie qui avait attaqué) en dépit d’innombrables témoignages les

chargeant. Sommes-nous vraiment en face d’une justice juste, qui, pensons-nous serait le moteur de la réconciliation? Y a-t-il des criminels qui sont au dessus de la loi internationale que vous êtes censé garantir? Les faits tels qu’ils se présentent aujourd’hui nous emmènent à penser plutôt que nous sommes en face d’une demie justice, d’une justice-complice qui couvre les criminels du FPR: Ici alors, le TPIR apparaît comme une manifestation flagrante de deux poids deux mesures. Il apparaît être au service d’une politique et d’une volonté qui tendent à perpétuer les rancœurs, la haine et les conflits. Il accuse une superficialité -que nous pensons volontaire-dans la recherche des criminels, auteurs des malheurs du peuple rwandais.

La raison à tout cela, est que le TPIR se base sur les présentations schématiques des autorités du FPR, aujourd’hui au pouvoir à Kigali. Ces dernières se présentent en effet comme ayant stoppé les massacres des Tutsi pour après s’atteler à la reconstruction du pays et à restaurer la paix. Et pourtant, avant et après la prise du pouvoir par le FPR, celui-ci est l’auteur des crimes ignominieux à savoir: massacres des populations civiles, l’assassinat des Présidents rwandais Juvénal Habyalimana et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira, assassinat de trois évêques rwandais, assassinat de Félicien Gatabazi...Les témoignages relatifs à ces crimes du FPR et chargeant celui-ci, se lisent dans les documents que nous annexions à la présente. Les dits documents ont été publiés il y a des mois. Mais force est de constater qu’ils ne vous préoccupent outre mesure, sinon on ne comprendrait pas pourquoi les criminels du FPR accusés, seraient toujours en mouvement, poursuivant leurs crimes aussi bien à l’intérieur du Rwanda qu’à l’extérieur de celui-ci, notamment en République Démocratique du Congo.

Les enquêteurs du TPIR doivent faire des descentes sur terrain, ils doivent aller sur les collines au Rwanda à la rencontre des rescapés Hutu, Tutsi et Twa et les interroger en dehors de toutes formes d’intimidations. Les enquêteurs doivent également tendre le micro aux Rwandais vivant en Exil. Sans aucun doute, toutes ces catégories de rescapés témoignerons contre la version que les autorités du FPR présentent à la communauté internationale et au Juges du TPIR dans le seul but de se blanchir de leurs crimes. C’est en confrontant les témoignages recueillis que le TPIR pourrait mieux rendre justice. En fait, il est grand temps que le TPIR manifeste une volonté d’aller au de là des simples déductions, suppositions et affirmations. Il est grand temps que cette institution se démarque du FPR et de son chantage et qu’ il lui donne la place qui est la sienne‚ a savoir: un des belligérants, auteur d’innombrables crimes dont quelques uns sont décrits dans les documents en annexe. Se cramponner sur la version des faits des autorités du FPR dont les performances dans le mensonge et dans la perfidie sont inégalables; céder à leur chantage, c’est contribuer à leur radicalisation, c’est contribuer à l’élargissement du fossé entre les Hutu et les Tutsi, bref, c’est contribuer à la victoire du mal et à la culture de la haine.

 

Nous pensons que les documents que nous annexons à la présente vous aiderons à rectifier le tir, car nous sommes d’avis qu’il n’est jamais tard pour mieux faire. Il faudrait que dans vos prises de décisions, vous teniez en considération des éléments contenus dans ces documents. Sans délais, ils devraient faire objet d’enquête approfondie et traduire les auteurs en justice. C’est de cette unique manière que vous contribuerez à la promotion de la justice internationale et à la réconciliation des Rwandais.

Dans l’espoir qu’un jour le TPIR rendra justice à tout le peuple rwandais sans parti pris, nous vous prions Madame la Procureur Générale, de croire en nos sentiments respectueux.

 

Pour l’Association Akagera-Rhein e.V.

Dr. Jean Paul Rwasamanzi

 

C.p.i :

Sa Sainteté le Pape Jean Paul II

Secrétaire Général de l’ONU

Monsieur Koffi Annan

Chancelier de la République Fédérale d’Allemagne

Gerhard Schröder

Président du Parlement Allemand

Juge Navanethem Pillay

Présidente du TPIR

Madame Mary Robinson

Haut Commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme

Première Ministre du Royaume de Belgique

Ministre des Affaires Etrangères et Coopération du Royaume

de Belgique

Amnesty International

Journalistes (Tous)